Accueil Culture «Soudan, souviens-toi» de Hind Meddeb : Une jeunesse soudanaise en quête de liberté

«Soudan, souviens-toi» de Hind Meddeb : Une jeunesse soudanaise en quête de liberté

Hind Meddeb, réalisatrice du documentaire «Soudan, souviens-toi», en compétition au Festival Fipadoc de Biarritz (du 24 janvier au 1er février), revient sur une période cruciale de l’histoire du Soudan. Entre espoir et tragédie, ce film témoigne de la lutte pour la démocratie, portée par une jeunesse déterminée et créative, dans un pays qui a connu des décennies de violence et de répression.

À l’occasion de la présentation de son film au Festival Fipadoc, Hind Meddeb, qui vient de revenir des États-Unis, a partagé ses réflexions sur le lien entre l’histoire du Soudan et la politique internationale, explique-t-elle dans une interview accordée à RFI en évoquant  les accords d’Abraham signés sous la présidence de Donald Trump. Le film «Soudan, souviens-toi» s’apprête à circuler aux États-Unis, où une importante diaspora soudanaise attend de voir les histoires de ceux qui ont vécu l’espoir et la tragédie de la révolution de 2019. « La réaction du public au Canada a été forte, avec une grande présence de Soudanais», raconte Hind Meddeb, soulignant l’importance de donner une voix à cette communauté souvent réduite au silence. Au cœur de son documentaire, Hind Meddeb choisit de montrer une jeunesse soudanaise vibrante de créativité, animée par un désir profond de liberté. En évitant les images de la guerre en cours, elle préfère mettre en lumière des témoignages d’espoir : des poèmes, des chansons, des peintures murales, des créations musicales. «La culture est une forme de résistance», souligne la réalisatrice. «Les poèmes restent». Ces mots deviennent pour cette jeunesse un moyen de survie, un acte de résistance face à l’inhumanité de la guerre. Le titre du film, «Soudan, souviens-toi», fait référence à un poème poignant écrit par un jeune exilé qui, à 21 ans, se mettait dans la peau d’un manifestant tombé lors des révoltes pour la démocratie. «Souvenez-vous de moi quand la paix reviendra, quand vous reconstruirez le pays…»… Un message d’espoir malgré la violence du présent. Pour Hind Meddeb, ce poème incarne l’essence même de la révolution soudanaise : une quête incessante de dignité et de liberté à travers la culture, l’art, et la résistance pacifique. À travers les histoires des jeunes Soudanais qu’elle a rencontrés, la réalisatrice dresse le portrait d’une génération qui, loin d’être perdue, incarne une conscience politique aiguisée et une solidarité humaine forte. «Soudan, souviens-to» est aussi un hommage à cette jeunesse qui, malgré les répressions, continue de se battre pour des idéaux de liberté, d’égalité et de démocratie. Le film se concentre sur la révolution de 2019, un moment charnière où les Soudanais ont renversé trente ans de dictature. «Cette révolution a été unique, car elle a rejeté l’islam politique tout en restant profondément croyante. Une grande tolérance s’est dégagée de ce mouvement», explique Hind Meddeb. Cette génération, qui a souffert sous un régime oppressif, aspire à une société où la liberté d’expression et les droits individuels sont respectés, tout en restant ancrée dans des valeurs humanistes universelles. La réalisatrice, ayant grandi entre la France, le Maroc et la Tunisie, se reconnaît profondément dans le combat de la jeunesse soudanaise. Elle voit dans leur lutte un écho aux luttes pour la liberté dans le monde arabe et dans son pays «La Tunisie». Cette réflexion ouvre une perspective plus large : la démocratie, si précieuse, est toujours fragile, et il est crucial de rester vigilant face aux menaces qui pèsent sur les libertés individuelles, même dans les démocraties européennes. «Souviens-toi» n’est pas qu’un simple titre. C’est un appel : «Souviens-toi du Soudan ». Souviens-toi de cette jeunesse, debout face à l’adversité. En exposant les visages de cette génération en quête de liberté, Hind Meddeb ne se contente pas de documenter un passé récent, mais cherche aussi à interpeller le monde entier. Un appel à la solidarité, à l’espoir, et à l’importance de la mémoire pour, qu’un jour, le Soudan puisse voir la paix et la prospérité qu’il mérite.

(D’après une interview publiée à RFI)

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